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Rencontre avec l’intrépide navigateur français : Benjamin Dutreux

Rencontre avec l’intrépide navigateur français : Benjamin Dutreux

Déterminé à toucher du doigt une dépression tropicale pour bénéficier d’un précieux gain de temps lors de son dernier Vendée Globe, Benjamin se retrouve seul au beau milieu du Pacifique avec des voiles mises à rude épreuve. Le vent s’engouffre violemment. Le bateau est repoussé au-delà de ses capacités. Si le skippeur de l’Île d’Yeu tient bon, les voiles quant à elles finissent par se déchirer, en pleine nuit. Un morceau de tissu resté accroché au sommet du mât virevolte dangereusement et pourrait bien abîmer le reste de l’équipement. Ça tangue, mais pas le choix, il faudra monter le décrocher et réparer la casse. Benjamin préfère attendre les premiers rayons de soleil pour grimper là-haut, 29 mètres tout de même, et aucune autre solution devant lui. « Arrivé au sommet, je me faisais bouger dans tous les sens, taper contre le mât, envoyer dans les voiles. Je me sentais vraiment petit », se rappelle-t-il, mais en compétition, le skippeur français occulte tout, à commencer par la peur. Rencontre avec l’intrépide navigateur français, en pleine préparation pour sa prochaine course au large.

« Quand il y a la notion de compétition, je ne suis pas la même personne. Il y a des enjeux, je me prends au jeu, j’ai mes objectifs et je mets en pause tout le reste. À terre je suis une personne relativement calme, mais en mer, je suis dur avec moi-même. »

Contrairement à ce que l’on pourrait le penser, Benjamin Dutreux n’a pas passé sa vie sur un voilier. Sa famille, originaire de Villeneuve d’Acq, à la frontière belge, n’avait pas de lien avec l’océan. Si ce n’est celui créé avec l’Île d’Yeu, grâce à sa grand-mère, à qui les Dutreux rendaient visite chaque été. À vrai dire, la famille est plutôt branchée par les sports automobiles, ce qui permet au futur skippeur de développer jusqu’à ses neuf ans un premier trait de caractère déterminant pour la suite : une féroce envie de gagner.

« Je faisais déjà du karting à cet âge-là, mon père était pilote,  et je pense que j’ai hérité de son côté compétiteur », nous explique-t-il, avant de se remémorer les débuts de sa nouvelle vie insulaire, sa famille venant s’installer à l’Île d’ Yeu en 1999.

« On accède rapidement à une forme de liberté sur cette île », reprend Benjamin. « Tes parents te laissent vite seul sur ton vélo. On allait donc pêcher à Cabou et faire toutes nos conneries comme on voulait, partout, on était libre. Mes meilleurs souvenirs, c’est quand j’allais chercher mes potes à vélo pour aller à l’école. Je pense que sur le continent, ça n’aurait pas été la même histoire. » C’est donc sur l’Île d’Yeu que Benjamin développe un second trait de caractère fondamental : sa liberté de mouvement. 

Puis les voiliers entrent en scène, le futur skippeur est alors âgé d’une dizaine d’années. Son père vient de faire l’acquisition d’un voilier et commence à l’emmener en balade. L’idée lui plaît tant que Benjamin s’inscrit au Club des Plaisanciers de l’Île d’Yeu. « Un truc à la bonne franquette », qui lui réserve un accueil chaleureux. Après tout, les jeunes navigateurs ne sont pas si nombreux sur l’île. C’est ici que Benjamin Dutreux reporte ses premières régates hebdomadaires ou annuelles, l’évènement phare étant le tour de l’Île d’Yeu au mois d'août. « C’était LA régate à gagner. Et on l’a gagnée plein de fois bien sûr. La première, je devais avoir 12 ans. »

© Gauthier Lebec / GUYOT

Un vent favorable qui commence à le pousser vers le large, Benjamin voit son destin se dessiner à l’horizon. « Je me suis ensuite inscrit dans un club plus sérieux, avec un suivi à l’année. J’ai gravi les échelons petit à petit, jusqu’à aller à des championnats internationaux. Je rêvais des J.O., mais ils n’ont pas gardé le support que je pratique pour les jeux. Alors j'ai changé d’horizon et commencé à pratiquer l’habitable et j’ai suivi une formation pour jeunes marins à la course au large. Quand j’ai eu l’opportunité de représenter l’association sur la solitaire du Figaro en 2015, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion. Je me suis vite rendu compte que ça me plaisait beaucoup. C’est à partir de là que j’ai commencé à en faire mon métier, que ma carrière pro a vraiment démarrée. ».

Et tout s’enchaîne très vite : Solitaire du Figaro, Vendée Globe, Transat Jacques-Vabre, Route du Rhum, The Ocean Race… Entre 2015 et 2023, le skippeur français réalise entre trois et cinq courses par an. Le rythme est intense, mais il n’est pas le seul à opérer : « Si les courses en solitaire sont ma spécialité, il y a bien une équipe de dix personnes en tout qui suit le bateau à l’année. On compte sept techniciens, deux personnes en communication et logistique et moi. »

Et ils ne sont pas trop de dix. Entre chaque course, le bateau est démonté et révisé. Chacun veille à ce que tout tienne bien la route afin d’éviter au skippeur de nouvelles mésaventures en haut du mât, sans oublier la partie optimisation du bateau / développement technique, étape clé à laquelle Benjamin prend directement part. Autre point moins évident : l’art complexe de monter des dossiers de partenariat. Dans ce sport, l'intervention de partenaires et sponsors est primordiale. « Je suis skippeur pour Guyot Environnement et Water Family, association dont je suis l’ambassadeur depuis 2016. On va se présenter au départ du Vendée Globe 2024 avec notre petite équipe jeune et engagée », nous glisse-t-il avant de filer rejoindre sa famille. Le prochain rendez-vous est donné le 10 novembre prochain, jour du départ du Vendée Globe. Nous y serons. 

Retrouvez Benjamin sur Instagram : @benjamin.dutreux et sur benjamindutreux.fr

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